Les gens qui aiment marcher sur les cimes de
l'Appenzell le sentent depuis longtemps. La presse s'en est accaparée. Le
Äscher croule sous le tourisme de masse. Comme à Venise, Dubrovnik ou
Saint-Tropez, seulement à 1600 mètres d'altitude! Une célébrité de Hollywood
l'aura découvert et posté sur Instagram.
Il faut dire que le Äscher présente l'avantage,
ou l'inconvénient, c'est selon, d'être accessible facilement grâce à une
gondole. Tous les ingrédients pour faire du Äscher un endroit "qu'on doit
faire"! En baskets ou sandales... La famille qui gère ce chalet de
montagne depuis plusieurs générations abandonne et les marcheurs font un grand
détour pour continuer - à pied - plus haut.
Tout ceci n'est pas nouveau. Sauf que la
puissance de la globalisation, d'internet, des médias sociaux, du tourisme de
masse se révèle à 1600 mètres d'altitude, dans un coin reculé - perdu -
aurait-on cru.
Cela pose bien sûr la question des équilibres
fragiles de certains microcosmes....à l'heure du débat sur l'état de notre
planète.
Mais au-delà, ce petit épisode est surtout
révélateur de notre comportement. Bien sûr, le Äscher est époustouflant. Mais
ces endroits existent par centaines de milliers sur notre terre. Ils ne
deviennent époustouflants pourtant, pour un nombre croissant, qu'à partir du
moment où ils ont été "gepostet" ou "geliked" par les
célébrités ou les influencers.
Nous ne savons plus reconnaitre la beauté par
nous-même. Ou si nous la reconnaissons, elle n'a de valeur que si elle est
geliked des (centaines de) milliers de fois sur Internet pour devenir une
"place to be".
Plus profondément encore, nous devons nous
rendre compte que nous ne sommes plus jamais - ou dans tous les cas, ces territoires
retrécissent - seuls. La solitude, notre dernier luxe.
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